Dernière révérence

Publié le par nw

Dîner 

Je retrouve ce monde toujours aussi étrange. Apparemment, les caméras de surveillance ont espionné un dîner de bourgeois mafieux, genre début du siècle. Les rôles semblent inversés, mais qu'est-ce qui est normal dans ce pays ? Même les amuses-gueules sont sujets à de vastes problématiques : où est la feuille d'endive ? Qu'est-ce qui est tant sucré ? Comment attraper ça avec une fourchette ? Les serveurs n'ont pas tous l'air honnête. Mieux ils sont habillés, et plus il faut s'en méfier, surtout celui avec les lunettes. Souvenirs effarés et effarants. Le mec à lunettes effraie une fille au nom de fée. Les visages sont souriants, malgré un crime certain, prochainement sur vos écrans. Les bougies transforment les convives en fantômes inquiets. Ils ne semblent pas entendre la musique. La caùéra de surveillance continue de violer cette intimité. Personne ne la voit, elle est pourtant au milieu d'eux. La musique devient triste. Séquence souvenirs, séquence émotion, séquence Happy End. Violons. Piano aux notes aigrelettes. Ralentis. Fondus. Fondus enchaînés. Fondus enchaînés ralentis. Eclat de rire muet sur la musique triste. Vieille photo portraitique au chandelier. Toujours le chandelier. Toujours la lumière. Et toujours la musique. L'oeil-espion ne se contente même plus de tourner, il ose s'approcher tout près des mains et des bijoux des convives. Flash. Plusieurs flashs. Je m'inquiète. Une serveuse-mannequin prend la pose. Elle va tuer quelqu'un. Puis tous les serveurs défilent. Shooting de mode, mais plus de flash. Le dernier d'entre eux arrive. Lui aussi est un criminel. L'oeil espion se cache maintenant. Dans un étrange endroit. Mais revient vers les bourgeois qui dînent. Nouveau flash. Nouvelle photo portraitique. Plus de chandelier, mais toujours la lumière. Et encore. Flash. Fondu. Bougies sur chandeliers. Le repas continue, évolue. L'ambiance est détendue, mais tous seront bientôt assassinés froidement, reposant dans une chambre froide. C'est la musique qui l'a dit. Flash. Fondu. Lumière et chandelier. Le serveur à lunettes est forcément l'assassin. Je crois qu'il a vu l'oeil-espion. Flash sur un couple. Tendre aventure passée ? C'est peut-être le motif du crime. La femme du couple a été assassinée par le serveur, dans la cuisine, avec le chandelier. PArtie de cluedo. L'oeil-espion est à nouveau libéré, et vole au milieu de tous. Encore ce couple. C'est pour eux qu'ils mouront tous. Ou c'est le couple qui les congelera tous. La lumière ; la lumière, la lumière. La musique continue, lointaine, et monocorde, et lointainement monocorde. Le dessert arrive. C'est une galette des rois, et elle n'est pas encore coupée. Autre chose devrait être coupé avant... Il y a une couronne dessus. Désignera-t-elle le criminel ? Sera-t-elle pour un membre du couple ? Ou alors pour la serveuse-mannequin. Ou pour le serveur trop bien habillé. L'oeil ré-observe les mains des convives. Les mains : voilà à quoi servait le couteau...



Répétitions


Tiens, le chien de garde regarde la télé. Ah non, le chien de garde surveille, garde et regarde la Dame en Rouge. Celle-la a beaucoup de choses à déclarer, une verve incroyable. Face à la rigidité de ses interrogateurs, elle parvient à traverser une multitude d'émotions. Hypocrite !

Maintenant, les deux femmes parlent ensemble, alors qu'elles pourraient regarder Chapeaux melons et Bottes de Cuir : ça, ce n'est pas étrange. Mais chassez, le naturel... L'étrange infirmière fixe naturellement et vitreusement l'écran depuis quelques instants. Quel tissu de conneries, ce feuilleton ! 

Le prof arrive, et plein de bon goût, il se détourne de la télé pour parler avec la Dame. Nouvel interrogatoire, nouveau dialogue de sourd. Les X Commandements, au détour de chaque phrase, même lorsqu'on parle de chambre et d'arrière-plan. Critique du professeur. Quel sens donner à cette phrase ?

Noir. Lumière. Musique. Action ! Rêve et hallucination sur Chopin. Et encore l'infirmière évoluant dans la banquette. On bafoue les droits du prolétariat. Tiens, le Sauvage sait danser un semblant de hip-hop avec sa valise. Monde, en fait, c'est un gourou. Les professeurs travaillent trop.

Le Sauvage, L'Etranger : en fait, c'est la même chose, c'est du pareil au même. "Das ist wunderschön !" sagt des Wilder. C'est très soap, vive le soap ! Flippant ! Autant que les X Commandements des hommes et des femmes. "Das ist wunderschön !" sagt die Dame in Rot. Finalement, le soap a laissé place à James Bond. Générique extraordinaire (Penser à payer des droits d'auteurs). Le Sauvage exulte en essayant ses vêtements. Il doit être un peu simple. Carrément intenable !

Pierre

Publié dans chronique des lycéens

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